Cyfandir n’était que les ruines de ce qu’elle avait été, des millénaires auparavant.
Constat triste et résolu de deux dernières déesses qui supportaient ce monde à bout de bras, sur les ruines fumantes d’un panthéon sacrifié à une guerre qui n’était pas la leur.
Portails dimensionnels clos par les Briseurs de Portes, continent sous le joug d’un sortilège si puissant qu’il avait couté le visage d’une déesse, Empire délabré qui ne contrôlait plus rien et magie si puissante qu’elle imprégnait totalement le monde dans lequel elle circulait comme le sang dans les veines.
Depuis les confins de déserts empoisonnés par la chaleur, aux sommets des pics bordant les mers, des bois inextricables aux jungles profondes, des plaines verdoyantes aux glaciers cruels.
Cyfandir tout entier tenait dans un équilibre précaire au bord du gouffre.
Un gouffre sans fond, qui s’enfonçait dans ses propres entrailles ou une simple épée verrouillait un sortilège si vieux qu’on l’avait jusque-là presque oublié. Ou dormaient de puissants gardiens et d’inavouables créatures nées des arcanes s’entremêlant depuis des millénaires sur une terre que l’on réputait incorruptible par la magie déviante.
Mais cette déviance, dormait-elle simplement au fond du cœur de chacun ?
Alors que l’Empire tremble sous la peur, que la couronne convoitée par les Enfants du Norskand retourne soudainement au centre des manœuvres politiques, d’autres forces sont en marches.
La Magie Dimensionnelle, magie que l’on tut sous les peurs anciennes qui font encore trembler les immortels au Sang d’Outre-Monde, se réveille doucement, sous les mains de jeunes talents innocents.
La Temps s’emballe et se convulse en nuit de deux jours et aube d’une journée entière, laissant place aux saisons les plus ardues, la nature se craquelle et révèle dans ses entrailles les créatures noires née d’enchantements si anciens que nul ne saurait les briser.
La Magie des Elfes s’essouffle, le sang se mêlant aux autres sous les augures de l’amour et des différences, les Oracles meurent, les Prophétesses se taisent et peu à peu, l’équilibre fragile qui régnait se révèle morcelé depuis bien des années. En décomposition depuis des siècles, le monde semble révéler derrière son sourire de façade son plus grand désespoir.
Les routes ne sont plus si sûres en Cyfandir, d’Osten à l’Ayst, des entrailles du monde se déversent les échos d’un passé lointain dont l’on doit soudainement pardonner les échecs et réparer les erreurs.